UNE ANNEE SANS NOUVELLE, LE CALVAIRE D’UNE FAMILLE
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UNE ANNEE SANS NOUVELLE, LE CALVAIRE D’UNE FAMILLE

Une année qu’il est parti. Je me souviens encore de ce matin où maman est venue dans ma chambre en pleurs. << Ton frère est parti >> c’est tout ce qu’elle put dire avant de fondre en larmes.

Hamidou avait pris le chemin le plus difficile mais à cette époque, il ne s’en rendait sûrement pas compte. Mon petit frère avait passé une année à préparer son départ pour l’Europe sans que nous nous en doutions. Il partit un beau matin nous laissant une lettre de quelques petites phrases. Son départ fut plus que douloureux et c’en suivit des phases tout aussi dure les unes que les autres.

Le dénis

Pour ma mère, son fils allait rentrer bientôt.  Elle refuse de croire qu’il l’avait laissée. Ce, malgré nos efforts pour le lui faire comprendre. Nous aussi étions presque dans la même situation. Je l’appelle souvent au téléphone espérant qu’il me réponde et c’était toujours la même déception. Maman s’oublie pendant près de deux mois. Elle se nourrissait à peine et ne prenait plus soin de mon père qui se renferme et devient distant.

Les éternelles querelles de famille

Ce fut sûrement la phase la plus difficile. Mes parents ne s’entendaient plus. Chacun rejetait la faute sur l’autre. Ma mère en disant que mon père avait été trop dur avec Hamidou et mon père en l’accusant de l’avoir trop couvé. 

La maison était devenue un vrai champ de bataille et parfois de souffrance. J’ai surpris plus d’une fois ma mère en cachette entrain de pleurer à chaude larmes. Ce fut un épisode déchirant et j’en voulais à Hamidou d’avoir été aussi égoïste.

La résignation

Après plus de six mois de dénis de souffrance et de disputes, tout le monde se résigna. J’arrêtai d’appeler et mes parents retrouvèrent leur complicité d’avant. Nul n’osait plus parler de mon petit frère quand ma mère était là. La vie continua ainsi avec un peu plus d’espoir. “Pas de nouvelles, bonnes nouvelles ” était devenue notre philosophie.

L’inquiétude et la désolation

C’est à la télé qu’on appris le naufrage d’un bateau de migrants. Il y avaient eu une centaine de victimes. Ma mère fondit en larmes et nous aussi. Mon petit frère était parti et nul n’était capable de nous donner une quelconque nouvelle de lui . Ma mère ne se nourrit pas pendant des jours et se laissa aller. Pour elle , son fils n’était plus de ce monde et elle ne pourra même pas l’enterrer.  Comment la convaincre du contraire ? C’était impossible alors on se contentait d’être là et de se serrer les coudes à chaque instant.

Aujourd’hui encore c’est dur. Maman n’est pas sortie de sa chambre et papa est sorti très tôt le matin . Ça aurait pu être un jour comme les autres mais ce souvenir lui enlève toute sa normalité. Il nous tarde d’avoir des nouvelles de Hamidou et de pouvoir enfin mettre la lumière sur son départ.

RAMATA BALDE

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