RETOUR SUR LA MÉSAVENTURE D’UN JEUNE IMMIGRANT
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RETOUR SUR LA MÉSAVENTURE D’UN JEUNE IMMIGRANT

Les candidats à l’immigration clandestine sont en majorité des jeunes. Ils sont à la recherche de l’Eldorado. En cause, les images que les médias occidentaux projettent, font croire aux jeunes que de l’autre côté de la Méditerranée, tout va bien. Cette influence n’épargne pas les jeunes guinéens qui, depuis plusieurs années manifestent leur désir d’aller se chercher en Europe. Ils empruntent la route du désert et de la Méditerranée. Parmi eux, Younouss Bah, jeune candidat à l’immigration clandestine de retour en Guinée. Il nous expose son vécu.

Du haut de ses 21 ans, Younouss est un jeune issu d’une fratrie de 19 enfants. Orphelin de père, il a tenté de fuir la pauvreté que traversait sa famille. Le jeune homme qui a abandonné les études depuis la classe de CE2, est un chauffeur de profession. Un matin, contre toute attente, il décide de tenter l’immigration. 

Comme bon nombre de  jeunes de son âge, Younouss a décidé d’aller à la quête du bien-être. Son périple a commencé en 2017, lorsqu’il a quitté sa famille face à l’impuissance de sa mère, de ses frères et de ses sœurs de lui assurer une vie meilleure. Direction la Libye via Bamako et le  Niger.

Sur la route de l’immigration, le jeune clandestin a subi  toutes sortes de difficultés. En racontant sa mésaventure, c’est avec un cœur serré qu’il s’exprime. 

«En quittant la Guinée, j’avais la ferme conviction que tout allait bien se passer. Je portais un sac au dos dans lequel j’avais mis quelques habits et des provisions. Jusqu’à Agadez, la souffrance était plus ou moins dure. Mais quand nous avons pris la route de la Libye, j’ai commencé à sentir la pire des souffrances jamais connues», explique-t-il.

Sur son visage, on peut lire la souffrance, la tristesse et l’amertume qu’il peine à digérer malgré tout. « On était une centaine de jeunes, en grande partie des subsahariens. Chacun s’occupait de soi et tant pis pour les autres. Des longues marches m’ont affaibli, les pieds sont devenus lourds. Ma bouche était sèche et la bouteille d’eau qui me restait, était loin d’étancher ma soif car il me fallait économiser la quantité restante pour ne pas être en rupture», précise Younouss.

Durant de longues heures de marche, Younouss a fini par abandonner son sac qui lui semblait être un fardeau. Certains de ses compagnons d’infortune qui ne tenaient plus, étaient laissés pour compte. Face à l’agonie de ces derniers, il les regardait mourir impuissamment sans pouvoir leur apporter le moindre secours, raconte Younouss qui laisse couler quelques larmes.

En 2020, après avoir fait la navette plusieurs fois entre la Libye, l’Algérie et le Maroc, sa mère restée au village a exprimé son souhait de voir le jeune Younouss rebrousser chemin. Bien que ce dernier n’avait pas la volonté de retourner au bercail. Face à l’éventualité, il est contraint d’obéir aux ordres de sa mère qui n’avait plus fermé l’œil depuis son départ. 

De retour en Guinée, Younouss a réussi à s’intégrer bien que les stigmates de la société subsistent encore. Aujourd’hui, il a repris son travail de chauffeur et il gagne tranquillement sa vie, comme pour dire que “nul n’est mieux que chez soi”.                        

MOHAMED DIAWARA

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