Migrations irrégulières: Elle brave les dangers du désert pour sauver son fils
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Migrations irrégulières: Elle brave les dangers du désert pour sauver son fils

Aminata Barry, 35 ans, a bravé la route de la méditerranée à la recherche de son fils, une histoire qui mérite d’être partagée. Je vous amène à la rencontre de cette femme forte et motivée qui sort du lot.

Madame Aminata Barry fragile, avec des céphalées se plaint de fortes douleurs. Ces fréquentes douleurs sont récentes explique Mme Barry, il y’a seulement deux ans elle a vécu les péripéties de la route de la migration irrégulière.

Contrairement aux autres femmes qui prennent la route pour rejoindre leurs époux, familles ou à la quête d’une vie meilleure, ces raisons à elles étaient bien différentes et incroyables. Elle  a tout risqué  pour aller à la recherche de son fils parti tantôt vers le chemin de la méditerranée.

« Les raisons du départ »

« Il y a deux ans j’ai reçu un appel de ma sœur m’informant que mon fils était parti avec un sac à dos. Mon cœur a commencé à battre la chamade. J’avais peur de la vérité, je me suis posé beaucoup de questions sur les raisons de ce départ précipité avec tous les risques ».

« Une décision difficile raconte madame Barry »

“Savoir mon fils sur la route seul et abandonné m’avait apporté énormément de soucis. Je ne mangeais plus et le sommeil m’avait quitté. Un jour mon fils Amadou m’a appelé pour me raconter son périple et me demander de l’aide. Le passeur m’a imposé de lui envoyer la somme de 3 000 000 GNF. Ce jour-là je n’avais que 20 000 GNF en main. J’ai pleuré pendant des heures et des heures, mon fils était orphelin de père, je n’arrivais pas me résoudre à l’abandonner à ces bourreaux et je voyais les publications sur Facebook des difficultés auxquelles sont confrontés les jeunes migrants. 

De l’autre côté, je me sentais impuissante et meurtrie par cette angoisse. Après de longues réflexions, j’ai pris la décision la plus difficile de ma vie, partir à la recherche de mon fils, en n’y laissant ces frères et sœurs, un choix très difficile sans avoir l’espoir de revenir saine et sauve.”

« Un chemin truffé d’embûche »  

C’est décidé, Madame Barry ira à Khalil en Algérie chercher son fils, son seul repère les derniers numéros de contact d’Amadou. Elle emprunte de l’argent à ses proches et se rend à la gare routière de Madina. La route est longue et difficile, de Bamako, Tombouctou jusqu’en Algérie.

« j’ai vu des jeunes, des femmes souffrir de soif, de fatigue et mourir en plein désert. En voyant ces difficultés, je pensais à mon fils et ses camarades ainsi qu’à tous ces jeunes qui meurent sur cette route dont les parents ne reverront jamais. Durant ce périple je me demandais si malgré tous les risques je trouverais Amadou en vie et en bonne santé, des questions sans réponses, ainsi j’avançais à l’aveuglette ». 

La route de la migration irrégulière est truffée d’embuche et trompe aujourd’hui des milliers de personnes.  

Après plusieurs jours,  elle arrive à Khalil, grâce au numéro de téléphone,  elle retrouve Amadou dans un état lamentable, maigre, exploité et enfermé dans une prison à Khalil.  

« J’ai rencontré le bourreau de mon fils, je lui ai dit je suis venue chercher mon fils, il m’a alors demandé la somme de 500 000 CFA.  J’en ai rigolé, là où tu me vois, même si tu me vends tu n’auras jamais cette somme. Il a refusé, j’avais peur et j’étais angoissé pour la suite. Soudain j’ai joué ma dernière carte je l’ai menacé à mon tour de le dénoncer aux autorités et surtout de mettre en péril leur trafic. Je ne m’y attendais pas mais cela a marché, il m’a rendu mon fils par la Grâce de Dieu. J’étais soulagé d’être venue, qui ne risque rien n’a rien, mon courage m’avait rendue mon fils sain et sauf avec juste quelques séquelles du trajet. Il était en vie, c’était le plus important ».

« Un retour triomphant avec toutes ces difficultés »

En rentrant en Guinée, son fils avec elle, son cœur débordait de joie. Arrivé à Bamako et  étant mineur, Amadou est accueilli par les services d’immigration de l’OIM. Il est resté 4 mois en observation et elle est revenue sans lui. Pendant ce temps, dans sa famille, Aminata était  qualifiée de tous les noms, les rumeurs circulaient qu’elle aurait pris la route dans le but de rallier l’Europe et que la recherche de son fils n’était qu’un prétexte. Sa réinsertion n’a pas été facile, car aujourd’hui elle souffre de maux de tête intenses dû au soleil du désert. Mais son fils quant à lui a repris une vie normale avec le soutien de la famille.

« Une maman engagée »

Madame Barry ayant vécu ce périple, sensibilise aujourd’hui les mamans sur les difficultés de la route de la migration clandestine. Elle insiste sur la protection des enfants et un meilleur encadrement pour qu’ils ne choisissent jamais l’option de prendre cette route.

L’histoire de cette brave Maman montre le lien qui unit une mère et son enfant, un lien qui jamais ne sera brisé. Les liens du sang restent plus forts que tout .

                                                                  RABIATOU DIALLO

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