Guinée : un mal muet, le collorisme
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Guinée : un mal muet, le collorisme

« Elle est noire comme du charbon » , non ce n’est pas une phrase anodine que l’on dit pour rire en voyant passer une personne foncée de peau , c’est une discrimination grave, c’est du colorisme. Le colorisme se définit comme étant un traitement différentiel stéréotypé, souvent inégalitaire, des individus selon leurs peaux, les plus claires étant considérée comme « plus jolie » au détriment des carnations et teints foncés ou encore selon la texture et couleur capillaire, la physionomie et l’apparence du visage. Autrement dit c’est une discrimination intra-communautaire qui fonde le degré de beauté sur le caractère claire de la peau.

Même s’ il est méconnu, le colorisme est un mal qui ronge bon nombre de Guinéens et d’Africains en général. Des milliers de personnes vivent dans un mal profond qui entraîne un complexe et un manque de confiance quasi présent. Et un mal en entraînant un autre , ce fléau est sans doute l’une des premières causes de la dépigmentation encore très en vogue chez nous.

Le colorisme, un mal qui date

Le colorisme tirerait son origine du passé esclavagiste et colonial. C’est en côtoyant les maîtres et colons blancs de ces époques très douloureuses de l’histoire du peuple noir que le mal aurait débuté.  La couleur blanche des colons fut donc considérée petit à petit comme un critère de beauté. Le complexe viendrait de là ! Ce qui fait que le colorisme est très ancien et parfois même inconscient car très ancré dans nos habitudes. Il concerne aussi la texture des cheveux, les cheveux long et lisse considérés comme plus beaux que ceux crépus et frisés.  Le défrisage des cheveux prend aussi son origine dans des époques coloniales et esclavagistes et continue jusqu’à nos jours. A cela s’ajoute l’utilisation d’extension de tout genre même si celle-ci a tendance à être justifiée voire même normalisée car pratiquée par tous, blancs et noirs. 

Colorisme en famille  

Beaucoup de personnes vivent le fait d’être plus foncé comme un fardeau. Cela n’est pas volontaire mais la conséquence directe de toutes les remarques qu’elles entendent en longueur de journée.  Sans oublier les moqueries , le manque de considération.  Dans les familles, communautés, l’apparition d’une personne très claire de peau demeure encore un véritable spectacle.  C’est l’occasion de chuchoter et de s’extasier devant la clarté  de sa peau sans oublier la comparaison aux personnes de couleur blanche ce qui est encore pour beaucoup, une fierté. Quant aux personnes foncées, il n’est pas rare qu’elles se fassent moquer ou pointer du doigt. Sur les réseaux sociaux le colorisme est flagrant notamment à travers l’utilisation quasi permanente de filtres etc…

Colorisme dans les relations amoureuses

Il n’est pas rare que le critère «claire de peau» apparaisse lors du choix du partenaire.  Ceci est récurrent.  Dans les relations amoureuses, le colorisme se fait discret mais existe bel et bien. Même si les sentiments ont un poids, le critère physique l’emporte aussi énormément et trop souvent.  L’on se voit donc félicité voire envié d’avoir épousé une personne claire de peau car «les enfants seront très beaux».

Le colorisme fils du racisme et père de la dépigmentation

Quand beaucoup parlent  chaque jour du racisme en le dénonçant avec ferveur, il ne faudrait pas oublier que bon nombre d’entre eux pratiquent le colorisme qui s’apparente énormément au racisme et est tout aussi grave. Il entraîne un sentiment d’infériorité et de mal être qui peut pousser les victimes à commettre l’irréparable. 

Ceci nous amène à parler de la dépigmentation qui en est une conséquence directe. Si être claire est un critère de beauté validé par tous, alors pourquoi les gens ne chercheraient pas à l’être pour être beaux ? Ceci paraît clair, le colorisme entraîne bel et bien la dépigmentation qui est une pratique extrêmement dangereuse.  Mais qui est donc le vrai coupable, le dépigmenté ou les coupables de colorisme ?

Le changement de mentalité, l’espoir renaît

Fort heureusement, petit à petit, les consciences se réveillent. Les gens sont désormais informés et beaucoup ont déjà passé le cap de l’acceptation de soi et de la liberté d’être. Ils se sont défaits des chaînes attachées à leur esprit et vivent désormais pour eux . Même si beaucoup sont victimes et coupables de colorisme encore, l’espoir existe bien et grâce au combat à l’information et à la sensibilisation ces idées reçues sont entrain d’être combattues et très bientôt les personnes auront raison d’elles.  Elles disparaîtront de la même manière que l’esclavage et la colonisation. 

A noter que le colorisme existe chez quasiment toutes les races du monde.

RAMATA BALDE

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