Le chemin de la migration n’est suivi que par les hommes. De plus en plus de jeunes femmes se laissent tenter par cette aventure. Elles sont des dizaines voire des centaines à tenter l’aventure clandestine pour s’offrir une nouvelle vie de rêve en Europe. C’est le cas de Myriam (c’est un nom d’emprunt) qui, au bout de deux ans, a vu ses rêves se briser et se transformer en cauchemar. Elle est réduite à la prostitution par le canal d’une proxénète guinéenne qui vit en Algérie.
Âgée de 17 ans, Myriam a pris la route de l’immigration clandestine. Ses parents attachés aux principes de l’islam, ne voulaient pas du tout qu’elle aille en aventure. Et cela quelque soit la raison. Elle a fait la sourde oreille et a suivi son petit ami qui a décidé d’assurer son transport. Après quelques jours de traversée, elle et son groupe tombent dans les mains des passeurs en Algérie, qui ont promis de les aider jusqu’à destination. Arrivée à Oran, un lieu qui constitue un escale pour beaucoup de clandestins, le malheur a frappé à la porte de la jeune Myriam et celle des autres africains.
«Le plus souvent quand on reçoit un conseil d’un ami, d’un frère ou d’un parent alors qu’on a une idée figée dans la tête, nous réagissons très mal. Mais à vrai dire, c’est très souvent de bons conseils.
Tant que tu ne subit pas l’enfer qui se trouve sur la route migratoire, tu ne peux pas croire aux réalités qui sont relatées au jour le jour. Seulement si on pouvait retourner le temps, je n’allais pas emprunter cette route», regrette-t-elle.
Abandonnée à elle-même dans cet empire dirigé par des hors la loi, la misère de cette filles ne fait que s’aggraver. Une lutte pour la survie est alors ouverte. Presque vaincue par la famine, elle pense un moment être tirée d’affaires. Pas pour longtemps. La compatriote que Myriam a rencontrée et qui s’est faite passée pour une bonne samaritaine a dévoilé sa vrai face: proxénète. Vendeuse de riz depuis des années, cette dernière propose à ses clients des spécialités culinaires guinéennes. Mais pas seulement. Son modus operandi, identifier et adopter des jeunes femmes guinéennes dans le besoin puis faire d’elles des prostituées qui travaillent pour elle pour continuer à vivre.
« La femme nous a dit qu’elle peut nous aider à avoir du travail si on la suit. On était trois filles et deux autres toutes guinéennes que nous avons trouvé sur place. Ces dernières étaient déjà habituées à tout genre de négoce juste pour trouver quoi mettre sous les dents. À notre tour, il était question de nous livrer à la prostitution. Chose que je rejetais au début bien que je commençais à manquer de tout. Pour ne pas mourir, j’ai accepté de vendre mon corps à tous ceux qui désiraient se satisfaire. Cela sans distinction aucune.Face à cette éventualité, deux options étaient à faire : se laisser aller ou être violée», révèle Myriam.
De par son physique, c’est une fille mature. Elle possède toutes les qualités d’une bonne fille. Armée d’un charme qui attire, Myriam est d’une beauté hypnotisante qui, ne laisse pas indifférent tout conquérant. Aujourd’hui déprimée, son passé a ruiné sa dignité depuis qu’elle s’est livrée à cette pratique qui n’honore pas sa personne et sa famille. Sa crainte est celle de contracter les infections sexuellement transmissibles dont certains signes commencent à apparaître. En Algérie, la plupart des migrantes irrégulières se retrouvent dans la prostitution pour survivre, nous confie notre interlocutrice.
Loin des regards, Myriam digère difficilement son “échec”. Étant la première fille chez sa mère, elle ne compte plus retourner en famille. Elle a été reniée par son père qui s’est vu désobéi par une de ses progénitures.
MOHAMED DIAWARA