Le phénomène de la migration touche bon nombre de secteurs de la vie. En Guinée, le sujet interpelle aussi les humoristes et comédiens qui s’accordent sur le fait que l’Europe n’est pas l’Eldorado.
Dans le rôle du président ivoirien Alassane Dramane Ouattara, Adama Dahico, l’humoriste international ivoirien lors de son passage à l’occasion des 72h du livre a fait cas de la question. Sans se départir de son habituel rôle de comédie, il a fait savoir que les chefs d’État ne sont nullement responsables de ces migrations clandestines des jeunes, même s’ils sont accusés. « Ils sont combien qui sont allés à l’ambassade de France, des États-Unis et on leur a refusé le visa avec des documents complets ? Il faut qu’on arrête ça. Il y a tout en Afrique, nous avons créé des emplois. Si les gens ne veulent pas travailler et qu’ils veulent aller marier les femmes blanches en Europe, il ne faut pas les arrêter », a-t-il déclaré.
Pour freiner la pratique, le président d’occasion a fait savoir que son homologue, le professeur Alpha Condé et lui ont mis en place une politique pour endiguer le phénomène. « Désormais, nous allons imposer la natation depuis l’école primaire dans toutes les écoles en Guinée et en Côte d’Ivoire. Comme ça, ils vont apprendre à nager et celui qui veut aller en Europe par la nage, sera le bienvenu », a martelé Dahico.
Plus sérieux à cause de la mésaventure que deux de ses pairs viennent de subir, l’humoriste et comédien guinéen Mamadou thug désavoue la pratique. Cette migration clandestine qui a endeuillé plusieurs familles vient de frapper dans la corporation artistique ATAG (Association des troupes artistiques de Guinée). « Nous avons perdu deux grands acteurs au large de la méditerranée. Le Dimanche passé là, nous avons perdu Sadigatou Barry alias Nourdine, actrice de cinéma qui partait à la recherche du bonheur et voilà, elle laisse derrière elle son enfant de 11ans, sa famille, ses collaborateurs et amis dans la désolation », a déploré le comique.
Pour lui, l’implication de nos Etats en garantissant une vie meilleure chez nous, un accompagnement de la jeunesse pour croire en la réussite dans nos pays et surtout l’investissement dans la sensibilisation sont les voies pour faire cesser cette pratique. « En ma qualité de président et étant association d’acteur comédien du théâtre et du cinéma regroupant plusieurs troupes et compagnies au sein de notre entité ATAG, nous pouvons y travailler sérieusement avec l’Etat et les partenaires publics et privés afin de faire comprendre à la jeunesse que oui, c’est possible de vivre heureux et épanoui chez nous en Afrique et surtout dans notre Guinée natale », a-t-il proposé.
Pour Zebal Traoré, organisateur du Festival international de slam et d’humour (FISH) de Guinée, il faut que la différence soit dabord faite entre ceux qui migrent pour les études et ceux qui le font pour la recherche du bien-être. « Le problème, c’est les moyens de transport qui aujourd’hui posent problème parce que les ambassades, les consulats sont entrain de rendre difficile l’acquisition des visas et cela pose beaucoup de problèmes parce que c’est ce qui pousse les jeunes à prendre la mer, une traversée qui est risquée », fait-il remarquer.
« Pour moi, il faut une immigration contrôlée. Ceux qui doivent partir doivent être ceux qui veulent aller se former pour revenir crée aussi des emplois dans le pays. Mais si c’est aller s’installer, c’est comme si on continuait toujours dans l’esclavage, à importer des bras valides sur d’autres continents… C’est un peu dommage aujourd’hui de voir plein de jeunes gens qui ont perdu leurs vies dans le désert juste parce qu’ils ont envie d’avoir une belle vie en Europe et pourtant, on a toujours dit l’Europe n’est pas l’Eldorado mais le rêve peut être à la porte de l’Eldorado si tu sais comment faire, allez apprendre quelque chose et revenir chez toi et chercher à travailler », a fait savoir l’humoriste.
ELISABETH ZÉZÉ GUILAVOGUI