ILS SE SONT MOQUES DE MA MERE, J’AI VOULU PARTIR POUR LAVER L’AFFRONT
Accueil » ILS SE SONT MOQUES DE MA MERE, J’AI VOULU PARTIR POUR LAVER L’AFFRONT

ILS SE SONT MOQUES DE MA MERE, J’AI VOULU PARTIR POUR LAVER L’AFFRONT

Il est parfois difficile de croire que c’est possible pour un jeune de gagner sa vie au bercail. Plusieurs d’entre eux qui avaient l’intention de quitter notre pays et aller à la quête du bien être, ont pourtant réussi à se faire une place au soleil ici en Guinée. L’échec d’immigrants clandestins de retour en Guinée, leur a servi de leçon pour renoncer à leur projet de voyage. C’est le cas de Demba, un jeune qui gagne son pain quotidien dans la coiffure. Aujourd’hui il n’a rien à envier à l’Europe.

Demba est un collégien qui évolue en classe de 10ème Année. En 2018, alors qu’il n’avait que seize ans, il a planifié un voyage sur la méditerranée afin de rejoindre l’Europe.

Il voulait laver l’honneur de sa famille d’une éventuelle moquerie des autres villageois de Madina, une localité relevant de la préfecture de Boké située à l’ouest de la Guinée.

Chaque famille de ce village presque s’est démerdée à faire partir un de leurs fils en Europe. Demba a pris la décision de partir lui aussi pour éviter une honte à ses parents. «Vous savez chez nous en Guinée si tu es pauvre, personne ne te considère. Dans notre village, beaucoup de jeunes sont partis en Europe. Certains de leurs parents se vantaient en présence de nos mères dans les cérémonies. Un jour, je suis revenu de l’école et j’ai trouvé ma mère en larmes. Quand je lui ai demandé, elle m’a fait savoir qu’elle a fait l’objet d’une raillerie de la part des voisins et c’est du fait qu’elle est misérable. C’est ce jour que j’ai décidé de partir», confie t-il.

Demba a pris contact avec un réseau de passeurs de la Guinée en Libye en passant par le Mali et le Niger. L’itinéraire à suivre était déjà indiqué. Mais dans ses préparatifs, Demba a rencontré un de ses amis d’enfance de retour en Guinée, qui lui a raconté son périple libyen. La mésaventure de ce dernier a chassé toute idée de voyage de son esprit.

«Mon ami d’enfance a traversé une période difficile en Libye. Il a été maltraité et vendu comme du bétail. Comme on se nourrit d’un repas journalier, c’est de cette manière qu’ils étaient torturés m’a t-il confié. Il faut avoir une pierre à la place du cœur pour maltraiter son semblable de la sorte. Cela a suffi pour que je renonce à migrer clandestinement vers l’Europe», révèle t-il.

À ce jour, Demba a un salon de coiffure à son actif où il gagne son petit pain. Avec les sous qu’il récolte chaque jour, il parvient à joindre les deux bouts. Par jour, il peut gagner 50.000 GNF à 70.000 GNF et parvient à payer sa scolarité et celle de sa petite sœur. «Je ne peux que dire Dieu merci. La coiffure m’a donné beaucoup de choses. D’autres pensent que je suis là pour une perte de temps mais je connais le profit que je tire de cette activité. J’ai un moteur pour le lavage d’engins roulants géré par un ami. Avec les cours je ne peux pas gérer», témoigne Demba.

Longtemps habité par les démons de l’immigration clandestine, Demba a fini par épouser l’idée de s’investir en Guinée. Il a fini par se tailler une place dans le monde de l’entreprenariat .

MOHAMED DIAWARA

Rejoingnez la discussion

Catégories