MIGRATION IRRÉGULIÈRE: AMADOU DIALLO, mineur mais déjà rescapé…
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MIGRATION IRRÉGULIÈRE: AMADOU DIALLO, mineur mais déjà rescapé…

Amadou Diallo a 17 ans et est élève en 11 année dans une école privée de la place. Il y a deux ans, il avait pris le chemin de la méditerranée pour rallier l’Europe. Un périple avec toutes les difficultés pour un enfant de 15 ans à l’époque.

Amadou assis sur le banc, les yeux dans le vide semble lointain dans ses pensées. Soudain il tourne la tête et se remet dans la discussion avec son ami Mamadou Dian. Le sujet porte sur les études et surtout comment s’investir pour réussir en Guinée. Amadou est un jeune migrant de retour, un parcours inédit et une histoire à raconter.

« Un départ précipité »

Comme tous les migrants les motivations restent les mêmes, l’espoir d’une vie meilleure et énormément de contraintes familiales qui boostent cette envie de prendre la route. Amadou vient d’une famille modeste, orphelin de père il vivait avec sa tante. Après les cours il s’occupait de la gestion des commerces de cette dernière.

A un moment donné, voyant ces résultats catastrophiques à l’école, il envisage l’option de partir avec 8 000 000 GNF en poche. C’est décidé. Amadou et ses deux amis s’embarquent pour Bamako, ainsi commence pour ces trois amis une aventure avec ses risques « la première difficulté pour nous à été le mensonge des rabatteurs à la gare de Bamako, ils nous ont dit que si on paye de l’argent nous serons conduits jusqu’en Algérie, étant tellement innocent nous avons pris 7 600 000 GNF pour leur donner . Arrivés à Tombouctou ils nous ont dit que notre argent est fini, on a été arrêtés par des arabes et envoyés dans un camp en garde à vue. Après trois semaines nous avons été libérés, on a repris la route jusqu’à Khalil ensuite Gorge la deuxième ville d’Algérie. Nous sommes tombés dans une embuscade, les policiers nous ont rapatrié à Tombouctou dans un autre camp » raconte l’adolescent avec une pointe de tristesse.

Le besoin d’argent se manifeste pour tous les jeunes migrants à un moment donné, c’est ce qui est arrivé à Amadou et ses camarades. De retour à Tombouctou, acculé, il est obligé de reprendre contact avec sa mère pour solliciter une aide financière.

Il raconte d’abord son perrible, toutes les souffrances endurées. Celle-ci est sous le choc. En entendant le cri de cœur de son fils, elle décide de partir à sa recherche. Son seul repère, les numéros de téléphones que son fils a utilisé pour donner des nouvelles durant son voyage.

« Des retrouvailles inespérées »

Pour Amadou ce fût une joie immense de voir sa mère débarquer la semaine qui a suivi leur conversation dans leur camp d’emprisonnement. Après plusieurs négociations et de menace de dénoncer les geôliers à la police, la mère d’Amadou finit par obtenir gain de cause. Son fils sera libéré.

Une fois à Bamako, les services de OIM MALI se sont occupés d’eux et leur ont fourni de la nourriture, des vêtements et une prise en charge médicale. Amadou est resté 4 mois à Bamako, il a rencontré beaucoups de jeunes comme lui ayant survécu à cette aventure, ensemble ils y ont appris à partager leurs souffrances vécues, et tisser des liens. Ce séjour dans ce camps à faciliter l’intégration d’Amadou une fois rentré en Guinée.

« Des séquelles encore présents »

Aujourd’hui deux ans se sont écoulés mais les séquelles sont encore présentes. Durant son périple, il refuse de revenir sur certains vécus tel que le viol d’une fillette de 12 ans devant lui. Ce jour-là, il s’est senti impuissant et meurtri par une telle atrocité à laquelle il faut ajouter la violation des droits des enfants dans les prisons sur la route de la méditerranée. Des morts causées par la fatigue, la soif et la maltraitance sont entre autres les compagnons des migrants dans cette aventure, une chose qu’il ne souhaite revivre pour rien au monde.

« Reprendre les études, une chance pour Amadou »

Aujourd’hui Amadou se réjouit d’être encore en vie, grâce à la bravoure de sa mère, il est libre et reprend ses études. Après deux tentatives il a fini par obtenir son BEPC. A l’école, il est souvent sollicité pour partager son expérience. Parfois, en classe, lors des dissertations sur des sujets liés à la migration. Dans le quartier aussi, Amadou est devenu un porte flambeau de sensibilisation pour éviter la migration irrégulière. Son rêve est de devenir médecin, informaticien et même président de la République de Guinée et il garde l’espoir de visiter un jour New York et cette fois-ci, il prendra la voie légale pour s’y rendre.

RABIATOU DIALLO

Fondatrice du Club Raby et les Enfants

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